Jean et Pierre-Alain Provost

Jean et Pierre-Alain Provost poursuivent une belle histoire qui a commencé au milieu des années 1960 à La Présentation, près de Saint-Hyacinthe : la Ferme 4-Saisons, un élevage de volailles où l’on met son cœur à l’ouvrage, comme dans toutes les autres fermes, mais de façon unique.

Les débuts

Comme très souvent dans les exploitations agricoles, l’aventure de la Ferme 4-Saisons a commencé par une histoire de cœur entre un homme et une femme, Rosaire Provost et Suzanne Côté. En 1966, Rosaire, fils d’agriculteurs, construit un poulailler à deux étages de 30 m de long, sur le rang des Grands Étangs de La Présentation, pour compléter ses revenus d’ouvriers dans une usine de produits chimiques à Beloeil. Cette exploitation agricole allait prendre le nom, quelques années plus tard, de Ferme R. S. Provost (pour Rosaire et Suzanne).

Le jeune Rosaire voit grand : il s’associe en 1969 au père de sa conjointe, Henri Côté, pour fonder la compagnie Ferme 4-Saisons, sur la route 137, non loin de là. « Mon mari a ensuite acheté des terres, ajoute Suzanne, qui est devenue l’administratrice en chef de l’établissement. Rosaire aimait travailler la terre pour produire des aliments : il a transmis cette passion à ses trois fils. » Patrick, l’aîné, a décroché le titre d’ingénieur agricole et ses deux frères cadets ont rejoint l’entreprise familiale. « Patrick supervise des chantiers de drainage et d’installation de gazoduc en milieu rural », explique Jean. « Mais il vient souvent donner un coup de main à la ferme, sur le tracteur et la machinerie ! », précise sa mère. Jean s’est associé en 1986, pour s’occuper surtout de la division Ferme R. S. Provost, consacrée à la production de poulets, tout en devenant peu à peu copropriétaire de l’exploitation principale, Ferme 4-Saisons. Pour sa part, c’est en 2005 que Pierre-Alain s’est impliqué officiellement dans l’entreprise mère, tout en créant sa propre affaire, Ferme P. A. Provost, spécialisée dans l’élevage du dindon.

Avant de prendre leur décision, Pierre-Alain et Jean avaient envisagé d’autres options et ils ont ajouté des cordes à leur arc. Jean a décroché un diplôme de technicien en génie rural et Pierre-Alain, en mécanique du bâtiment. « Il y a toujours un plan qui traîne quelque part ! », glisse leur mère Suzanne. Pas besoin de préciser que ces connaissances aident le duo dans leurs vies de tous les jours. Par exemple, au cours des 12 dernières années, tous les poulaillers ont été presque entièrement reconstruits.

Une bonne vitesse de croisière

Aujourd’hui, la Ferme 4-Saisons et ses deux filiales comptent un total de sept bâtiments d’élevage répartis sur deux emplacements, des garages, deux entrepôts à fumier et un centre de séchage du grain. On livre en tout quelque 2 millions de kilogrammes de volailles par année, environ en parts égales entre le dindon et le poulet.

« Pierre-Alain et moi élevons en copropriété trois poulaillers de dindons sur le site principal », explique Jean. Ils produisent des dindons lourds de 18 kg et des dindons à griller de 5 à 6 kg. « Sur deux de ces bâtiments, nous avons optimisé l’espace : un tiers de la superficie sert à commencer l’engraissement des dindons lourds et les deux tiers restants, celui des dindons à griller. Après six semaines, on ouvre une grande porte et les dindons lourds sont transférés dans le local voisin pour laisser toute la place aux dindons à griller, jusqu’à l’âge de 11 à 12 semaines. C’est un peu comme transformer deux poulaillers en trois. »

Depuis un an et demi, les jeunes aviculteurs gèrent une partie de leurs dindons sans antibiotiques de prévention. « Et cela se passe bien, on n’a pas eu à traiter de manière curative », constate Jean.

Les 486 hectares de terres de l’entreprise, parsemés dans la municipalité de La Présentation, sont ensemencés en maïs-grain, en soya, en haricots et en pois de conserverie. L’an prochain, des céréales à paille compléteront peut-être l’assolement.

Quatre saisons bien occupées

Trois employés travaillent dans l’entreprise. Marc-André Laberge participe surtout, depuis 10 ans, aux opérations de grandes cultures, de nettoyage et d’entretien des bâtiments et de la machinerie. Marie-Ève Laberge, sa sœur, fait le suivi des lots d’oiseaux, voit à leur santé et à la propreté des locaux. Un nouvel employé, Marc-André Fontaine, seconde Marie-Ève depuis un an.

Suzanne continue d’aider ses fils en prêtant de son temps à la comptabilité, au transport du personnel, aux commissions et aux menus achats.

Pierre-Alain et Jean touchent bien sûr à toutes les opérations. Toutefois, du printemps à l’automne, ils délèguent un peu leurs tâches dans les bâtisses pour se concentrer sur les semis, les arrosages, les récoltes. Et ils adorent ça ! L’hiver, l’horaire est un peu plus relax. Bien sûr, il y a toujours le train à faire le matin et le soir.

Un soutien vraiment apprécié

 Dominique Cloutier, l’épouse de Jean, est ergothérapeute : elle coordonne les soins à domicile au CLSC des Maskoutains. Dominique et Jean sont les parents d’Émile, 20 ans, de Rosalie, 17 ans, et de Sarah-Jeanne, 14 ans.

Mathilde Morin, la conjointe de Pierre-Alain, possède et gère une boutique de chaussures à Saint-Hyacinthe. Gabriel, Dahlie et Mila, âgés respectivement de 15 ans, 6 ans et 4 ans, sont les enfants du couple.

Les deux producteurs sont très reconnaissants du soutien moral apporté par leurs « blondes », en général, et en particulier pendant leurs longues journées au champ. Et de son côté, leur mère Suzanne est une grand-mère très appréciée !

Enjeux

La relève et l’investissement sur l’entreprise sont des enjeux avec lesquels jonglent les entrepreneurs. Pierre-Alain et son frère ont acheté des terres récemment mais leurs coûts, tout comme celui du quota, deviennent des facteurs qui limitent le développement de l’entreprise. « Ce sont les mêmes valeurs pour tout le monde. » Concernant la relève, aucune décision n’a encore été prise, d’autant que certains d’entre eux sont encore trop jeunes. Jean et Pierre-Alain leur laissent toute la liberté de choisir, sans les influencer. Les exigences de plus en plus rigoureuses sur le plan du bien-être animal et de l’environnement préoccupent les deux copropriétaires. « Les consommateurs doivent savoir que le bien-être et la santé de nos oiseaux sont pour nous une priorité, car notre gagne-pain en dépend », souligne Jean. « Lors d’une journée Portes ouvertes, mon mari a rappelé à une dame que dans les basses-cours, autrefois, les poules mangeaient ce qu’elles trouvaient par terre, y compris des fientes des autres oiseaux, raconte Suzanne. Alors qu’aujourd’hui, les volailles ont une moulée saine et nutritive. »

Jean et Pierre-Alain sont sensibles à l’utilisation judicieuse des pesticides au champ. Ils sont bien d’accord d’accentuer leurs efforts au profit de l’environnement, si on les aide à adopter des solutions de rechange écologiques qui demeurent rentables.

Face aux exigences du marché, les entrepreneurs sont d’avis qu’il faut s’adapter. « C’est certain que le client a toujours raison, croit Pierre-Alain. Nous avons la chance d’avoir un marché fermé et protégé, mais on ne doit pas oublier qu’il faut être à l’écoute des besoins des transformateurs et répondre à ceux des consommateurs. »

C’est comme cela que pensent les agriculteurs qui travaillent avec leur cœur, et que se poursuit leur histoire, au fil des saisons!

Derniéres

La Ferme Berlu, c’est d’abord l’histoire d’une complicité, celle de Bernard et Pierre Lussier… d’une fratrie unie par une…
Après avoir travaillé comme ingénieure et goûté à la grande ville, Pascale Mageau-Béland a décidé de changer de cap…
Vous devez utiliser un navigateur moderne pour consulter ce site Internet. Téléchargez Microsoft Edge ou Google Chrome gratuitement.