Search

Famille Gauthier

Une, deux, trois générations de Gauthier ont élevé, élèvent et élèveront des poulets à la ferme A & D Gauthier, située à Saint-Hugues, en Montérégie. Une vraie tribu, qui a su effectuer en douceur le premier transfert de la ferme d’une génération à une autre, et qui pense déjà à la relève.

Ce ne sont pas les têtes ni les bras qui manquent sur cette terre montérégienne. Sylvain Gauthier et son frère Dominic peuvent compter sur l’aide de leurs conjointes, Valérie et Julie, de plusieurs de leurs enfants, mais aussi sur l’appui de leurs parents Denise et André qui viennent donner un coup de main quand trop de chaudrons sont sur le feu. Une histoire de parenté, de fraternité et d’un clan qui mise sur le transfert de connaissances et sur une passion partagée pour l’agriculture et l’aviculture.

Denise et André, les fondateurs

Denise Daviau et André Gauthier sont les premiers à avoir mis en valeur cette terre dont ils sont devenus les uniques propriétaires en 1970. « Nous avons acheté la ferme d’un ancien propriétaire », explique André Gauthier qui, à ses débuts, travaillait avec son frère installé un peu plus loin sur le même rang à Saint-Hugues. « J’ai construit mon premier poulailler avec lui, avant de lui racheter sa part », raconte-t-il.

Dès les premiers instants, Denise et André ont opté pour la combinaison aviculture et culture. Si quelques porcs se sont ajoutés à une certaine époque, ils sont vite disparus pour laisser toute la place à la volaille, un élevage qu’André Gauthier avait appris de son père. « J’ai eu la piqûre très jeune pour les poulets », avoue-t-il. « Et quand on aime des animaux, ils nous intéressent plus », poursuit Denise.

Au cours des années, ils ont amélioré leurs connaissances auprès d’experts des couvoirs et des meuneries qui ont su les conseiller. Il faut dire que l’élevage de poulets a bien changé depuis les années 1970! Les pots d’eau, les ronds en carton pour centrer les poussins sous la chaleur et les ventilateurs actionnés à la main, comme nous apprend Denise, ont vite été remplacés par des lignes d’eau ainsi que des systèmes de chauffage et de ventilation de pointe. « Maintenant, nous avons des systèmes programmés encore plus performants qui nous tiennent informés », reprend André tout en ajoutant que la supervision humaine demeure essentielle.

Transmission et évolution de l’exploitation familiale

Petit à petit, Denise et André ont fait grandir leur ferme en y ajoutant des terres de culture, deux poulaillers (1972 et 2002), en achetant du quota et de la machinerie. Ils sont parvenus à établir des bases solides à leur exploitation qu’ils ont incorporée en 1993. « C’était la première étape en prévision du transfert à nos enfants qui étaient encore jeunes », expliquent les parents. Au moment du transfert, qui s’est étalé sur plusieurs années, Denise et André étaient prêts. La décision avait été mûrement réfléchie, les étapes préparées une à une : d’abord l’incorporation, puis l’intégration de Sylvain et Dominic en 2002 et les ventes des premières parts, et enfin le transfert complet en 2017. Durant toute cette période, Denise et André ont assisté à plusieurs séances d’information sur le transfert graduel d’une ferme à la relève, consulté un comptable et un fiscaliste spécialisé en transfert de biens agricoles ainsi qu’un notaire… en plus de veiller jalousement à la rentabilité de leur installation. « L’entreprise était en très bonne santé financière, ce qui a facilité son transfert », explique André. « Donner nos biens à nos enfants de notre vivant nous touche, avoue Denise, mais nous sommes fiers parce qu’ils font le travail qu’ils veulent et qui leur permet de bien vivre. »

À 74 et 78 ans, Denise et André sont toujours actifs sur cette ferme qu’ils ont maintenant léguée. « J’y vais presque tous les jours et je suis là quand il y a de grands travaux », mentionne André. Quant à Denise, en plus de répondre au téléphone, elle n’hésite pas à déplacer la machinerie ou les tracteurs quand son aide est nécessaire. Loin de la comptabilité et de l’administration, ils font maintenant les choses à leur rythme et participent aux décisions importantes à titre de conseillers. La gestion du patrimoine, c’est maintenant l’affaire de leurs fils qui suivent la voie qu’ils ont tracée.

Sylvain et Dominic : la deuxième génération

« Sans nos parents et leur planification, nous ne serions pas là, mon frère Dominic et moi », avoue Sylvain Gauthier. Son métier, c’est avec eux qu’il l’a d’abord appris pour ensuite s’inscrire à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ) en génie rural. Comme ce dernier fonctionne en mode formation continue, il se perfectionne encore aujourd’hui pour améliorer différents aspects de l’exploitation.

Avec l’arrivée de Sylvain et de Dominic, l’entreprise a continué de se bonifier. « En 2015, afin d’augmenter la production, un nouveau poulailler est venu remplacer un ancien bâtiment plus petit », explique Sylvain. Les deux frères en ont profité pour construire à l’endroit où se trouvait ce dernier un garage qui sert d’atelier pour la mécanique et qui abrite également les bureaux de l’entreprise. Le système informatique a été optimisé et les trois poulaillers de deux étages en bois sont maintenant branchés et liés à des téléphones intelligents qui permettent de contrôler aussi bien la distribution de moulée que les lignes d’eau et la température ambiante, sans toutefois que les deux tournées journalières soient négligées. La façon de recevoir les poussins a aussi été perfectionnée, tout comme la ventilation, un élément essentiel alors que les changements climatiques se font de plus en plus présents.

Modernisation et défis de l’exploitation familiale

« L’aviculture et l’agriculture c’est mon quotidien », affirme d’emblée Sylvain en mentionnant que ces deux domaines se combinent parfaitement. « Nous faisons entrer environ 70 000 poulets à la fois, la même journée, dans nos trois poulaillers pour ensuite les expédier en un ou deux jours à la fin de la période d’élevage. La méthode du tout plein, tout vide nous permet d’opérer de bons vides sanitaires, d’exercer un meilleur contrôle sur les maladies, comme la grippe aviaire, en plus de nous donner une pause pour les travaux aux champs », explique-t-il.

Si Sylvain Gauthier en a long à dire sur la difficulté d’obtenir des quotas et sur la nécessité de la traçabilité pour assurer la qualité de volailles à laquelle les Québécois ont droit – bien qu’il aimerait que la paperasse requise soit simplifiée –, il tient à souligner combien le soutien dont bénéficient les aviculteurs est apprécié. « C’est un élevage qui est bien organisé avec une mise en marché des produits. Contrairement au travail au champ où, quand la saison est mauvaise, il faut attendre l’année suivante pour se reprendre, nos sept élevages annuels nous permettent de nous ajuster rapidement et apportent une stabilité monétaire à l’entreprise. »

Passionné par son métier, Sylvain, qui œuvre également comme administrateur au syndicat des Éleveurs de volailles de la Montérégie à Saint-Hyacinthe, se questionne, comme plusieurs, sur le climat et ses soubresauts récents, sur l’environnement qu’il faut protéger et s’inquiète de l’arrivée de la grippe aviaire et de ses répercussions. Toutefois, sa priorité demeure la pérennité de l’entreprise familiale. Ce dernier a vite saisi que s’intéresser au présent permet de mieux préparer l’avenir, surtout quand une nouvelle génération de Gauthier se pointe pour prendre le relai. « Pour intégrer la relève, il faut atteindre un équilibre entre croissance et rentabilité pour ainsi faire perpétuer l’entreprise », précise-t-il en soulignant la complexité des domaines agricole et avicole.

La relève est déjà là

Sylvain et Dominic préparent déjà minutieusement le passage à une autre génération. Parmi leurs onze enfants, trois ont déjà signifié leur intérêt pour le milieu agricole et avicole. « Mon fils Simon, 23 ans, qui vient de terminer son cours à l’ITAQ en génie mécanique, est avec nous depuis trois ans, explique Sylvain. J’essaie de l’intégrer assez rapidement en lui faisant faire des commandes de moulée et en lui montrant le travail administratif. C’est plus intéressant à long terme pour lui et, pour moi, ça me donne plus de temps pour faire autre chose. » Antoine, 18 ans, le fils de Dominic, s’est inscrit à l’ITAQ, après avoir performé dans un autre domaine, et fait déjà ses classes en travaillant aux champs. Et puis, il y a Charles, 13 ans, qui participe aux tâches avec détermination, et à qui Sylvain laisse le temps de changer d’idée et de vocation. « C’est un défi qui nous attend dans quelques années », conclut Sylvain.

Sylvain et Dominic disposent déjà d’un bon modèle dont ils peuvent s’inspirer pour assurer la pérennité de l’entreprise. Ils sauront sûrement planifier la transition avec doigté comme leurs parents ont su le faire avant eux.

Derniéres

Virginie et Frédérick Cloutier partagent une passion commune pour leur métier et pour la ferme qu’ils ont héritée de…
Samuel Bertrand, 29 ans à peine, sait déjà balancer les dessus et les dessous de la volaille. Avec l’aide…
Vous devez utiliser un navigateur moderne pour consulter ce site Internet. Téléchargez Microsoft Edge ou Google Chrome gratuitement.