Caroline Paquette

Caroline, l’une des deux filles de Nathalie Dubeau et Julien Paquette, est aujourd’hui la principale responsable de l’élevage des poulets à la Ferme Julien Paquette inc. Son père lui transmettra d’ici dix ans la propriété complète des poulaillers de cette entreprise située à Saint-Gabriel-de-Brandon. Les deux associés nous ont ouvert leurs portes pour parler de leurs rêves et de leurs défis.

Quand père et fille s’unissent!

Dans une vallée de Saint-Gabriel-de-Brandon, la Ferme Julien Paquette inc. se trouve enchâssée tel un bijou dans son écrin. Devant la maison construite par Julien lui-même, un petit ruisseau bordé par des arbustes et des vivaces a été aménagé avec charme par sa conjointe Nathalie Dubeau. Autour de la maison et des bâtiments des deux sites de l’entreprise s’étendent des boisés. Dans les coulées, Julien et sa famille ont planté 11 000 épinettes qui freinent le vent et stabilisent les pentes. Et des arbres abritent les bâtiments contre la chaleur de l’été et les brises de l’hiver.

Caroline et sa sœur Rosalie venaient voir les poussins dès leur plus jeune âge, se souvient leur père Julien Paquette. C’est toutefois Caroline qui a repris les rênes de l’exploitation avicole alors que Rosalie a préféré le design de mode. « J’ai d’abord envisagé le droit et j’ai suivi des cours de bureautique avant de m’orienter en agriculture, précise Caroline. Dès le début de mes cours en 2016, j’ai commencé à travailler avec mon père. J’ai ensuite obtenu mon diplôme en Gestion et technologies d’entreprise agricole en 2019 au Cégep régional de Lanaudière à Joliette. »

Le transfert de 25 pour cent des parts de l’entreprise à Caroline sera conclu bientôt. Son père prévoit lui en transférer la totalité d’ici une dizaine d’années. « L’élevage des poulets, c’est déjà Caroline qui le dirige en majeure partie », dit-il. L’éleveur participe encore aux tournées des élevages en soirée. De plus, il répare et entretient les bâtiments et la machinerie. Mais il se concentre aujourd’hui sur la culture de semences certifiées d’orge et de soya, et celle du maïs-grain, à son compte. Sa fille Caroline commence à le seconder dans l’administration de la ferme, mettant ainsi à profit ses aptitudes en bureautique.

De fil en aiguille

Julien Paquette avait lui aussi exploré d’autres avenues que l’aviculture avant de s’y consacrer. « C’est mon grand-frère Jean-Marie qui, en 1980, avait repris la ferme familiale, raconte le producteur. Mon père Walter l’avait lui-même rachetée de son père en 1948. En plus d’élever des vaches laitières, il s’était construit un poulailler en 1967, après en avoir bâti plusieurs pour la compagnie René Poirier (aujourd’hui Poirier-Bérard). »

Walter Paquette est décédé en 1982 ; son fils Jean-Marie est mort deux ans plus tard. Julien a dû réfléchir avant de prendre la relève. « Je ne me destinais pas vraiment à l’agriculture : j’avais décroché un diplôme d’études professionnelles en construction de maison à ossature de bois », dit-il. Le jeune homme avait ensuite terminé d’un seul coup ses secondaires 4 et 5, et cela avec mention. Pour joindre les deux bouts, il a travaillé au nettoyage et à l’entretien de poulaillers pour les Fermes Dufresne, une compagnie qui opérait à Saint-Gabriel. Puis, il prit la grande décision : il a racheté en 1986 la succession familiale à ses frères et sœurs. Julien Paquette avait alors 23 ans.

Le jeune producteur dessinera quatre ans plus tard sa maison et son propre poulailler. Au cours des premières années, Nathalie lui donnera de sérieux coups de pouce, notamment pour l’arrivée ou le départ des oiseaux. Physiothérapeute de métier, elle ouvrira peu à peu quatre cliniques avec ses associés. Mais elle trouvera toujours le temps de cultiver quelques légumes et d’embellir la propriété avec sa touche artistique.

Les bâtiments d’élevage s’étendent aujourd’hui sur deux sites. Ils comprennent trois poulaillers de trois étages, auxquels s’ajoutera bientôt celui d’une ferme rachetée à un proche parent.

Pour le bien-être

« Ce qui importe pour moi, c’est le bien-être des oiseaux dans nos bâtiments », dit Caroline Paquette. La jeune femme effectue les tournées matinales, pendant près de trois heures. Elle soigne alors le troupeau et surveille toute défaillance dans les équipements. Entre les lots, elle nettoie et prépare les bâtiments avicoles. L’après-midi, Caroline aide son père dans l’entretien de la machinerie et dans les achats d’aliments ou de pièces. « Ce que j’aime de ce métier, c’est d’être mon propre patron, de pouvoir travailler dehors, apporter des changements et voir notre entreprise évoluer, poursuit-elle. Quand j’ai présenté mon plan d’affaires dans le cadre du transfert, la dame que j’ai rencontrée m’a trouvée nettement plus détendue que pendant mes études! »

Guyllaume Germain, son conjoint depuis cinq ans, la soutient généreusement dans ses projets. Il n’a pas pour le moment l’intention de se joindre à son entreprise bien qu’il travaille dans un domaine connexe : l’expédition dans un abattoir de volailles!

Son père Julien aime tout autant le travail avec les animaux, mais il compte cultiver les champs encore plusieurs années. Il est vrai qu’il a acquis une solide expérience dans ce domaine. L’aviculteur-céréaliculteur obtient d’excellents rendements d’orge, de soya et de maïs. Depuis 15 ans pourtant, il ne laboure plus ses sols, des argiles Pontiac pour la plupart. « J’utilise un outil à disques, à dents et à rouleau qui ne pénètre le sol qu’à deux à trois pouces de profondeur. »

Un vent d’idées fraîches

Caroline Paquette a contribué à moderniser la ferme familiale. « Mon arrivée dans l’entreprise encourage mon père à poursuivre ses investissements, c’est certain », réalise la productrice de 24 ans. Par exemple, à sa suggestion, les mangeoires ont été changées. « Les bols des nouveaux modèles sont moins hauts et les poussins arrivent facilement à s’y alimenter tout de suite; on n’est donc pas obligé de les nourrir dans des cartons au début », dit-elle. Elle a aussi proposé d’augmenter de 60 W à 100 W l’éclairage de la section des poussins. Caroline a de plus proposé de transférer les éleveuses près des entrées d’air. Les oisillons reçoivent donc un air renouvelé plus chaud et sous un meilleur éclairage. « Cela donne de meilleurs départs, nous avons de beaux lots dans le troupeau », remarquent les deux associés.

Depuis la venue de Caroline, un poulailler a été rénové et une partie des silos de moulée a été remplacée par des modèles à décharge ventilée de type cyclone. « Ce système permet un écoulement plus doux et plus uniforme de la moulée, qui colle moins aux parois du silo », se félicite l’avicultrice. Elle et son père envisagent d’améliorer l’isolation, d’ajouter de plus grandes entrées d’air et de refaire la fondation en béton de certains bâtiments. Les talents et l’expertise de Julien en la matière sont bien sûr un atout précieux.

Pour trouver des idées nouvelles, Caroline Paquette reste à l’affût de ce qui se passe. Elle observe tout ce qu’elle peut lors de ses achats, explore l’Internet, échange avec leur technicien François Gravel, du couvoir Boire et Frères. « François nous aide beaucoup; il a une position neutre et une bonne vue d’ensemble des nouvelles technologies », relate Caroline.

Mais là ne s’arrêtent pas les sources d’inspiration de la productrice. Elle a lancé un groupe d’entraide et de discussion sur Facebook qui compte plus de 300 membres : Aviculture Québec. Elle y partage ses trouvailles avec générosité.

Des défis

La réduction de l’usage des antibiotiques n’a pas ralenti la vitesse de croisière de la Ferme Julien Paquette inc. « Peut-être que mon vétérinaire se démène un peu plus, mais notre production n’a pas été affectée. Nous gardons de très bons rendements, observe Julien. » Le taux de mortalité de l’exploitation de Saint-Gabriel varie de seulement 1 à 1,5 %.

La pandémie du coronavirus a-t-elle frappé durement? « Nous avons subi comme tous les éleveurs de volailles la baisse de production de 15 %, en raison de la chute des commandes par le secteur de la restauration, note l’éleveur. Il faut vivre avec, mais nous allons passer au travers. Et puis heureusement, les oiseaux ne semblent pas affectés par ce coronavirus. »

Les projets

Que pensent les deux associés de l’avenir de la profession? Ils demeurent confiants. « Mais il faut espérer que nos politiciens continueront à défendre notre gestion de l’offre », glisse Julien.

Après le transfert complet de la ferme avicole à sa fille, Julien Paquette vise entre autres à profiter de ses fins de semaine libres pour voyager un peu avec Nathalie.

De son côté, Caroline continuera de bonifier son entreprise de l’intérieur, sans l’agrandir plus que nécessaire. D’autant plus que Caroline et Guyllaume ont un autre objectif, aussi beau qu’important : avoir des enfants et les voir grandir heureux et en bonne santé. « Ce sera important pour nous de concilier la famille et le travail, souligne l’avicultrice. Je souhaite que ma ferme reste un endroit où il fera bon passer son temps, pour une relève éventuelle chez nos enfants, s’ils le désirent. »

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